Les "octonaires de la vanité et inconstance du monde" de Claude Le Jeune
Note d'intention de Sophie Boucheron
Il y a 25 ans, je créais la compagnie Philia production avec l’ambition de mettre en oeuvre les spectacles qui peuplaient mon imaginaire, toujours avec l’envie de vivre et faire vivre la musique.
Les « octonaires de la vanité et inconstance du monde » de Claude Le Jeune s’inscrivent en droite ligne des créations réalisées au sein de la compagnie, tant il s’agit d’une partition rare qui mérite d’être redécouverte.
Coruscant que j’ai créé en 2009 est un ensemble vocal à géométrie variable qui ne s’interdit aucune musique. Son agilité à passer d’un style à l’autre est devenue son identité.
Pour les « Octonaires », nous sommes 3 chanteuses et 3 chanteurs, a cappella, et relevons le défi de donner à entendre cette pièce qui n’a jamais été chantée.
C’est la beauté à l’état pur de ce chef d’oeuvre du XVIe siècle qui m’a bouleversée tant il résonne avec notre monde actuel. Les questions qu’il pose sont d’une modernité ébouriffante : Comment s’extraire des passions de ce monde ? Comment vivre ?
En tant qu’artiste et directrice artistique, j’ai toujours souhaité fédérer tous les publics, en intégrant dans toutes mes propositions artistiques une préoccupation permanente de l’échange avec les spectateurs.
Mon goût pour l’exigence s’exprime ici pleinement avec une musique virtuose, rare, en français restitué dans sa prononciation de l’époque.
Afin d’aboutir à une version éclairée, j’ai fait appel à d’éminents spécialistes de cette période. Isabelle His (université de Poitiers) spécialiste de Claude Le Jeune, Jacques Barbier (université de Tours) spécialiste de la prononciation du français dans la musique de la Renaissance et Christophe Dupraz (ENS) spécialiste de la poésie morale du XVIe siècle ont accompagné le cheminement de l’ensemble depuis 2 ans. Avec leur aide et leur soutien, mes recherches ont donné vie à une interprétation construite et cohérente, qui va enfin permettre au public de l’entendre et de l’apprécier pleinement.
La vocalité brillante, les phrasés qui mettent en avant les figuralismes du texte, des tempi variés et saisissants, alternant méditations et sensations du tumulte du monde, sont autant de jalons qui guident l’écoute.
Dans ma présentation du concert, je m’appuie sur tous ces éléments, le contexte historique, social et surtout la vision du monde de l’Homme du XVIe siècle pour emporter le spectateur dans un voyage historique, poétique et spirituel. Le chemin n’a pas à se faire seul, et encore moins isolé.
Et c’est alors qu’émergent les raisons qui m’ont amenées choisir cette oeuvre : la joie, la subtilité, l’accompagnement pour mieux vivre.
Comme un bain d’eau pure…
Des propositions d'actions culturelles à 360 degrés
Les propositions de Coruscant autour de Claude Le Jeune représentent des opportunités culturelles à plusieurs niveaux.
Sur le plan musical, la (re)découverte d'un compositeur français majeur, peu connu du grand public. Les programmes qui lui sont consacrés sont l'occasion de découvrir plus largement la musique de la Renaissance.
C'est également un voyage dans le temps au sens large : les oeuvres dédiées à Henri III, à la gloire d'Henri IV ou les chansons parisiennes nous replongent dans l'histoire de France avec la puissance d'une machine à remonter le temps. C'est aussi se plonger dans le français de La Boétie ou Simon Goulard : la prononciation du français et du latin nous aide à prendre conscience de la construction de notre langue.
Pour la saison 2024/2025, nous aurons ainsi des interventions au lycée Renoir d'Asnières (92), au collège Monet à Paris (75013) et au conservatoire de Noisiel (77). Elles seront l'occasion pour les élèves d'écrire poèmes et musique, ainsi que d'interpréter leurs créations dans des restitutions avec Coruscant.